André-Marie Tremblay

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Photo-2001-Tremblay
André-Marie Tremblay devant Elix, 2001

Électrons fortement corrélés, supraconductivité et matériaux quantiques.

a) Problématique :

Les propriétés de la matière solide ou liquide dépendent des propriétés des atomes constituants, mais aussi de phénomènes plus subtils, dits collectifs. Un des phénomènes collectifs les plus remarquables est celui de la supraconductivité. Dans cet état de la matière, les phénomènes propres à la théorie la plus fondamentale de la matière, la mécanique quantique, se manifestent à une échelle macroscopique: les courants électriques circulent sans résistance, et les champs magnétiques sont exclus, donnant lieu au phénomène de lévitation souvent illustré dans la presse populaire (voir figure). La compréhension de ce phénomène quantique collectif parLévitation Bardeen, Cooper et Schrieffer en 1957 fut un succès retentissant. La supraconductivité est devenue tellement bien comprise qu'elle a commencé à être utilisée pour caractériser d'autres propriétés des matériaux. Cet état de choses a subitement changé en 86-87 suite à la découverte de la supraconductivité à haute température. Ces températures, aux environs de 100K, sont cinq fois plus élevées que la vingtaine de degrés Kelvin connue auparavant comme la plus haute température à laquelle un matériau pouvait devenir supraconducteur.

Les propriétés des supraconducteurs à haute température de transition ne peuvent pas être expliquées par les approches conventionnelles, approches qui ont pourtant eu des succès retentissants. Ces succès sont visibles aujourd'hui entre autres en électronique moderne, qui trouve sa source dans la compréhension fondamentale détaillée des semiconducteurs, des métaux, et des matériaux magnétiques. 

Le défi intellectuel posé par les supraconducteurs à haute température de transition s'étend à plusieurs autres classes de matériaux qui ont en commun une très forte anisotropie (uni- ou bi-dimensionnelle), la présence d'interactions fortes entre les électrons et l'importance des phénomènes quantiques collectifs. On regroupe ces matériaux sous le vocable de matériaux quantiques.

b) Objectifs :

L'objectif général de ce programme de recherche est de comprendre la physique des électrons dans les solides où la force des interactions (on dit aussi le couplage) entre électrons et l'impossibilité de se déplacer dans certaines directions mènent à des phénomènes physiques nouveaux. Dans les conditions que nous venons de décrire, on dit que les électrons sont fortement corrélés.

L'amélioration des méthodes théoriques pour traiter les électrons corrélés est un sous-objectif de ce programme de recherche. Plusieurs méthodes existent déjà. Cependant, certaines d'entre elles sont nouvelles et ont encore besoin d'être vérifiées. De plus, il n'y a encore des cas où on ne connaît pas de méthode analytique appropriée. Nous avons déjà développé deux nouvelles approches, une en couplage intermédiaire et une en couplage fort.

Mentionnons aussi comme sous-objectif, l'étude des supraconducteurs organiques par des approches analogues. Il s'agit là d'une autre classe de matériaux pour laquelle la supraconductivité n'a pas d'origine généralement admise. Il n'est pas rare de trouver dans la littérature des idées développées dans le contexte des supraconducteurs organiques s'appliquer aux supraconducteurs à haute température de transition et vice-versa.

c) Méthodologie :

Plusieurs méthodes analytiques ont été développées pour comprendre les systèmes fortement corrélés. Aux fonctions de Green des années 60 s'est ajouté le groupe de renormalisation dans les années 70, puis les méthodes de simulation numérique et les méthodes de type non-perturbatives (bosons esclaves et développements en 1/N) dans les années 80 et enfin des méthodes comme la théorie de champ moyen dynamique dans les années 90. Les méthodes numériques étaient d'abord assez limitées, mais grâce à des développements algorithmiques et à l'augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs, il est maintenant possible de faire des simulations fiables dans des régimes de paramètres intéressants.

Le modèle dit de Hubbard Modèle de Hubbard tient compte de la façon la plus simple possible de la physique qui influence le comportement des électrons dans de tels systèmes, soit la présence d'un réseau cristallin et l'existence de répulsion entre lesdits électrons. Nos efforts se concentrent sur ce modèle avant d'attaquer des modèles plus complexes.

RQCHP Elix Nous utilisons plusieurs approches complémentaires. Du côté analytique, nous avons développé une nouvelle approche non-perturbative qui permet d'obtenir des résultats supérieurs à ceux des autres approches lorsqu'on les compare aux simulations Monte Carlo. Notre approche prédit des effets physiques nouveaux. Nous continuons de développer cette méthode en plus de l'appliquer à différents problèmes. Les simulations numériques sont aussi essentielles, entre autres pour nous permettre de tester la validité des méthodes analytiques puisque celles-ci sont en général approximatives. Nous avons développé des programmes de simulations numériques sophistiqués que nous mettons maintenant à profit pour réaliser nos objectifs. Il n'existe maintenant dans le monde qu'une dizaine de groupes qui ont développé cette expertise. Nous utilisons plusieurs ressources de calcul numérique. En plus des ordinateurs du Réseau Québécois de Calcul Haute Performance, à Sherbrooke Alain Veilleux, Michel Barrette et Mehdi Bozzo-Rey ont monté une grappe d'une soixantaine de processeurs Intel (classe Beowulf, voir image) qui nous permettent d'atteindre des vitesses de calcul comparables aux super-ordinateurs. Une subvention d'infrastructure obtenue de la Fondation Canadienne de l'Innovation et du programme de Chaires de Recherche du Canada nous permet maintenant de mettre au point une grappe de plus de 200 processeurs dont la première phase (100 processeurs) devrait être opérationnelle en 2002. 

d) Réalisations :

Rappels sur les réalisations antérieures (mise en contexte):

i) Nouvelle approche au problème à N-corps pour le modèle de Hubbard. Yury Vilk et moi-même avons développé une nouvelle approche au problème à N-corps pour les modèles à courte portée (modèle de Hubbard). Cette approche, dont les détails ont été publiés en 1997 , est basée sur la nécessité de satisfaire les lois de conservation, le principe de Pauli et plusieurs règles de somme importantes. Cette approche satisfait aussi le théorème de Mermin-Wagner en deux dimensions. L'effet des modes collectifs sur les propriétés à une particule est obtenu à l'aide d'une formule de type paramagnon qui est cohérente avec les propriétés à deux particules dans le sens qu'on obtient la même énergie potentielle peu importe le point de départ. Comme le théorème de Migdal ne s'applique pas pour les corrections de vertex, celles-ci sont incluses. La théorie est en accord quantitatif avec les simulations Monte Carlo. Les prédictions principales sont a) Un diagramme de phase magnétique où l'ordre persiste au-delà du demi-remplissage mais où le ferromagnétisme de Stoner est complètement absent. Les comportements critiques quantiques et classique renormalisés sont ceux du modèle sphérique. b) Dans le domaine classique renormalisé, les fluctuations de spin produisent des précurseurs des bandes antiferromagnétiques (bandes fantômes) et détruisent les quasiparticules du liquide de Fermi sur une grande plage de température au-dessus de la transition de phase à température nulle. Ce phénomène est illustré dans le rapport de 1996 . La dimension critique supérieure pour ce phénomène est trois. Les fluctuations de paire dans les modèles attractifs peuvent mener à des effets physiques analogues.  Ces effets précurseurs sont directement reliés à la question de l'existence du célèbre régime "pseudogap" dont la littérature sur les supraconducteurs à haute température fait abondamment état.

La méthode que nous avons développée est la seule qui permette d'obtenir, sans paramètre ajustable, un bon estimé de la température critique et des fluctuations de spin pour le modèle de Hubbard bi-dimensionnel en régime de couplage faible à intermédiaire.  Notre approche permet aussi d'avoir accès aux propriétés à une particule. Nous utilisons cette approche dans plusieurs projets.

ii) Projet Monte Carlo quantique  Nous continuons de développer cet outil précieux qui nous permet de constamment vérifier la validité de nos approches et d'explorer des domaines de paramètres inaccessibles aux méthodes analytiques. Le programme a été réécrit en Fortran 90 et restructuré par Hugo Touchette en 1996. En 1998 David Poulin et Steve Allen ont terminé les travaux entrepris par Samuel Moukouri pour développer les programmes pouvant analyser les données Monte Carlo en temps imaginaire pour en extraire, par une méthode de prolongement analytique dite "d'entropie maximum", les propriétés en fréquence réelle. Un grand nombre de projets ont été rendus possibles grâce à ces programmes.

Projets complétés en 2001

Approche auto-cohérente à deux particules et approximations conservatives: Dans ce travail plutôt formel, nous avons présenté une dérivation de notre approche non-perturbative qui met en lumière les ressemblances et les différences avec les approches dites conservatives. Nous employons la méthode des champs sources, (ou de dérivée fonctionnelle ) développée par Martin-Schwinger-Kadanoff et Baym.

Transition de Slater dans le modèle de Hubbard bi-dimensionnel:  
Nous avons montré comment interpréter correctement des résultats de simulations numériques qui prétendaient démontrer l'existence d'une transition de Mott même à couplage faible dans le modèle de Hubbard bi-dimensionnel. Le bien fondé de notre point de vue est vérifiable expérimentalement en mesurant la taille relative de la longueur de corrélation antiferromagnétique et de la longueur d'onde thermique de de Broglie.

 Susceptibilité de paire de type d pour le modèle de Hubbard bi-dimensionnel.
Avec Jean-Sébastien Landry, stagiaire coop , nous avons entrepris une étude systématique de la susceptibilité supraconductrice de type d du modèle de Hubbard répulsif.  Grâce à des moyens de calcul puissants, nos résultats couvrent une vaste gamme de paramètres. Nous observons un maximum de la susceptibilité à dopage fini. Une généralisation de l'approche que nous avons développée avec Vilk permet d'expliquer ces résultats numériques dans le domaine de couplage faible à intermédiaire (voir ci-dessous).

Projets en cours, débutés avant janvier 2002

Susceptibilité de spin et de charge dans le modèle de Hubbard attractif. Bien que la méthode développée avec Yury Vilk et Steve Allen permette de décrire assez précisément les fluctuations dominantes, telles les fluctuations de paire dans le modèle de Hubbard attractif, les canaux non-singuliers sont plus difficiles à calculer de façon fiable. Avec Bumsoo Kyung et Steve Allen, nous avons trouvé une façon d'utiliser la symétrie de croisement pour calculer la susceptibilité de spin et celle de charge dans le modèle attractif. Ces résultats peuvent maintenant être généralisés au cas du modèle de Hubbard répulsif, tel que décrit dans le paragraphe suivant.

Comment les fluctuations antiferromagnétiques peuvent à la fois nuire et aider à la supraconductivité de type d. Les canaux non-dominants dans le modèle de Hubbard répulsif sont les canaux supraconducteurs, ce qui indique l'importance de réussir à faire ce calcul, tel que mentionné au paragraphe précédent. Nous touchons à un problème qui va au coeur de la supraconductivité à haute température. Les résultats analytiques obtenus avec Bumsoo Kyung sont en accord quantitatif avec les simulations de Jean-Sébastien Landry, mentionnées ci-haut. Notre approche permet d'obtenir un estimé de la température de transition supraconductrice qui est en forme de dôme en fonction du dopage. Loin du demi-remplissage la température de transition augmente lorsqu'on réduit le dopage à cause de l'augmentation des fluctuations antiferromagnétiques. En se rapprochant du demi-remplissage, ces fluctuations antiferromagnétiques créent un pseudogap qui fait chuter la température de transition supraconductrice. L'ajout des effets tri-dimensionnels permettra d'obtenir des résultats plus quantitatifs, entre autres pour la position de la transition de phase antiferromagnétique.

Description phénoménologique de la compétition entre l'antiferromagnétisme et la supraconductivité de type d. Les résultats du paragraphe précédent ont été obtenus dans le régime du couplage faible à intermédiaire. Or, les supraconducteurs à haute température sont plutôt dans la limite du couplage intermédiaire à fort. Il est possible d'obtenir une description phénoménologique dans ce régime de couplage en partant directement du modèle t-J, et en calculant les interactions effectives par des règles de somme. Les fonctions de corrélation entrant dans ces règles de somme sont à temps égal et à courte portée dans l'espace. Elles peuvent être estimées à partir de la théorie de champ moyen puisque nos études antérieures sur le modèle de Hubbard attractif avaient démontré que c'était une bonne façon d'estimer ces fonctions de corrélation. Cette approche, suggérée par Bumsoo Kyung, permet de trouver de bonnes valeurs pour le pseudogap et plusieurs autres quantités physiques mais n'est pas quantitative pour toutes les quantités observables

Uniformité thermodynamique et localisation induite par la température dans les systèmes en interaction. Sébastien Roy , dans son mémoire de maîtrise, généralise l'approche de Yury Vilk pour calculer les propriétés thermodynamiques du modèle de Hubbard. Il y a deux façons d'obtenir la thermodynamique dans cette approche. En général les résultats concordent à quelque pourcent près. Lorsqu'il y a désaccord substantiel, les méthodes analytiques ne sont plus fiables, comme on peut le vérifier en comparant à des simulations Monte Carlo quantique. Le calcul de l'entropie permettra d'interpréter différentes mesures ainsi que le phénomène de localisation induite par la température et les interactions. Ce dernier phénomène avait été découvert pour tous les remplissages à deux dimensions par François Lemay dans sa thèse de doctorat et il avait été confirmé par des simulations Monte Carlo débutées par Jean-Sébastien Landry . Sébastien Roy vérifie aussi avec David Sénéchal la précision de la thermodynamique obtenue de  la méthode de Théorie des Perturbations Inter-Amas développée par ce dernier.

Impuretés dans les systèmes en interaction. Le stagiaire Alexis Gagné-Lebrun a entrepris le calcul de la densité d'états locale autour d'une impureté dans le modèle de Hubbard à l'aide de simulations Monte Carlo Quantique. La densité d'états locale est mesurable par spectroscopie par effet tunnel. La façon dont une impureté modifie la densité d'états locale en fonction de la distance à l'impureté donne des informations détaillées qui devraient nous renseigner sur la nature des impuretés et des interactions dans le milieu.

"Fonte" de la surface de Fermi. David Sénéchal a développé une méthode numérique, la Théorie des Perturbations Inter-Amas , basée sur une théorie des perturbations à couplage fort que nous avions mise au point il y a quelques années. Nous utilisons présentement cette approche pour comprendre comment sont modifiés les concepts liés à la surface de Fermi lorsque la proximité au demi-remplissage et la force des interactions invalide les concepts habituels, en particulier celui de liquide de Fermi.

Effet des fluctuations supraconductrices sur l'atténuation ultrasonore dans les supraconducteurs organiques quasi-bi-dimensionnels. Avec Maxim Mar'enko et Claude Bourbonnais, nous tentons d'interpréter des expériences faites dans le groupe de Poirier sur l'absorption ultrasonore dans les conducteurs organiques de la famille (BEDT-TTF) 2X (phase kappa). Bien qu'il y ait une vaste littérature sur l'effet des fluctuations supraconductrices sur la conductivité, très peu de travaux ont porté jusqu'à maintenant sur l'absorption ultrasonore. 

e) Collaborateurs

S.Allen (étudiant au 3e cycle, terminé, août 2000)
 C. Bourbonnais
(professeur)

Bumsoo Kyung (stagiaire postdoctoral, début septembre 1998)
Jean-Sébastien Landry (stagiaire. Deux stages, hiver et automne 2000)
Maxim Mar'enko (stagiaire postdoctoral, début octobre 2001)
Sébastien Roy (étudiant à la maîtrise, début septembre 2000)
D. Sénéchal (professeur)
Y.M. Vilk (Statisticien, CareMark, Chicago)

f) Summary :

We are studying the properties of models for strongly correlated electronic systems that are regarded as possible candidates for explaining high-temperature superconductivity as well as organic conductors.

Earlier work (context)

With Yury Vilk, we have developed a new approach to the Hubbard model. A detailed account was published in 1997. It is based on enforcing conservation laws, the Pauli principle and a number of crucial sum rules. More specifically, spin and charge susceptibilities are expressed, in a conserving approximation, as a function of two irreducible vertices whose values are found by imposing the local Pauli principle as well as the local-moment sum rule and consistency with the equations of motion in a local-field approximation. The Mermin-Wagner theorem in two dimensions is automatically satisfied. The effect of collective modes on single-particle properties is then obtained by a paramagnon-like formula that is consistent with the two-particle properties. Since there is no Migdal theorem controlling the effect of spin and charge fluctuations on the self-energy, the required vertex corrections are included. It was shown that the theory is in quantitative agreement with Monte Carlo simulations for both single-particle and two-particle properties. The theory predicts a magnetic phase diagram where magnetic order persists away from half-filling but where ferromagnetism is completely suppressed. Both quantum-critical and renormalized-classical behaviour can occur in certain parameter ranges. We have shown that in the renormalised classical regime, spin fluctuations lead to precursors of antiferromagnetic bands (shadow bands) and to the destruction of the Fermi-liquid quasiparticles in a wide temperature range above the zero-temperature phase transition. This is illustrated in our 1996 report . The upper critical dimension for this phenomenon is three. Pair fluctuations in attractive models can lead to analogous physical effects. These precursor effects are directly related to the existence of the famous "pseudogap regime", a subject of intense debate in the high T c literature.

We also continue to develop and use our Monte Carlo simulations programs . The program has been rewritten in Fortran 90 in 1996 and it runs on the SP parallel computer of the RQCHP and on Beowulf clusters. We have also developed code that allows us to extract real-frequency properties from imaginary time data. These Maximum Entropy programs are allowing us to investigate dynamical properties and to establish the difference between thermal and strong-coupling induced pseudogaps. These programs are also used in a number of projects described below. A grant from the Canadian Foundation for Innovation and the Canada Research Chair Program will allow us to build a 200 CPU cluster.
 

Completed in 2001

In this rather formal work, we present a derivation of our non-perturbative approach that highlights similarities and differences with so-called conserving approximations. We use the source field approach (or functional-derivative approach) developed by Martin, Schwinger, Kadanoff and Baym.
 
We have shown how to correctly interpret the results of numerical simulations that were claiming to show the existence of a Mott transition even at weak coupling in the two-dimensional Hubbard model. The validity of our viewpoint is experimentally verifiable by measuring the relative size of the antiferromagnetic correlation length and the thermal de Broglie wavelength.

With coop student  Jean-Sébastien Landry , we began a systematic study of the superconducting d-wave susceptibility for the attractive Hubbard model. Thanks to exceptionally large computing power, our results cover a broad range of parameters. We observe a maximum at finite doping. A generalization of the approach developed with Vilk allows us to explain these numerical results from weak to intermediate coupling (see below). 

Ongoing projects, begun before January 2002

Spin and charge susceptibility in the attractive Hubbard model. Despite the fact that the method developed with Yury Vilk and Steve Allen allows a satisfactory description of dominant fluctuations, such as pair fluctuations in the attractive Hubbard model, non-singular channels are more difficult to compute in a reliable analytical way. With Bumsoo Kyung and Steve Allen, we have found a way to use crossing symmetry to compute the spin and charge susceptibilities of the attractive model. These results can now be generalized to the case of the repulsive Hubbard model, as described in the following paragraph.

How antiferromagnetic fluctuations can both help and hinder d-wave superconductivity.  Sub-dominant channels in the repulsive Hubbard model are superconducting channels. We are touching the heart of the  high-Tc problem. Analytical results of Bumsoo Kyung are in quantitative agreement with simulations of  Jean-Sébastien Landry , mentioned above. Our approach allows us to obtain an estimate of the superconducting transition temperature. Far from half-filling Tc increases as one decreases doping because of the enhanced antiferromagnetic fluctuations. Closer to half-filling, antiferromagnetic fluctuations create a pseudogap that leads to a decrease in Tc. Adding three-dimensional effects will allow us to obtain more quantitative results, in particular for the position of the antiferromagnetic phase boundary.

Phenomenological description of the competition between antiferromagnetism and d-wave superconductivity. Results of the preceding paragraph were obtained in the weak to intermediate coupling regime. But high-temperature superconductors are rather in the intermediate to strong coupling regime. It is possible to obtain a phenomenological description of this regime by starting directly with the t-J model to calculate effective interactions through sum rules. Correlation functions entering these sum rules are at equal time and short range in space. They can be estimated from mean-field theory, as shown by earlier studies. This approach, suggested by Bumsoo Kyung, allows one to find good estimates for the pseudogap and many other physical quantities but is not quantitative for all observable quantities.

Thermodynamic consistency and temperature-induced localization in interacting systems. Sébastien Roy , in his Master's thesis, is generalizing the approach of Yury Vilk to compute thermodynamic properties of the Hubbard model. There are two ways to obtain the thermodynamics in this approach. In general the results agree with each other within a few percent. When there is large disagreement, analytical methods are no longer reliable, as can be checked by comparing with Quantum Monte Carlo simulations. The calculation of the entropy will allow to interpret various measurements as well as the temperature and interaction induced localization phenomenon. The latter phenomenon had been discovered for all fillings in two dimensions by François Lemay in this PhD thesis and had been confirmed by Quantum Monte Carlo simulations begun by  Jean-Sébastien Landry . Sébastien Roy is also checking, with David Sénéchal, the accuracy of the thermodynamics obtained from the Cluster Perturbation Theory method developed by Sénéchal.

Impurities in interacting systems. Coop student Alexis Gagné-Lebrun has begun computing the local density of states around an impurity using Quantum Monte Carlo simulations of the Hubbard model. The local density of states is measurable through Scanning Tunnelling Spectroscopy. The way in which the impurity modifies the local density of states as a function of distance from the impurity gives detailed information on the nature of impurities and interactions in the surrounding medium. 

Fermi surface "melting". David Sénéchal has developed a numerical method, Cluster Perturbation Theory , that is based on a strong-coupling perturbation theory that we have developed a few years back. We are presently using this approach to understand how are modified the concepts related to the Fermi surface when the proximity to half-filling and the strength of interactions invalidates the usual concepts, in particular those attached to the Fermi liquid.

Effect of superconducting fluctuations on ultrasonic attenuation in organic quasi two-dimensional superconductors. With Maxim Mar'enko and Claude Bourbonnais, we are are trying to interpret experiments made by the group of Poirier on ultrasonic absorption in organic conductors of the (BEDT-TTF) 2 X family (kappa phase). Despite the vast literature on the effect of superconducting fluctuations on conductivity, very few works have been devoted to ultrasonic absorption. 

Qubits supraconducteurs

a) Problématique :

L'espace de Hilbert d'un état quantique formé de N bits est de dimension 2N. L'action de l'opérateur d'évolution sur un vecteur dans cet espace de Hilbert peut être vu comme un calcul parallèle sur les 2N coefficients du développement d'un vecteur d'état sur les 2N vecteurs de base. Plusieurs algorithmes mettent à profit ce parallélisme massif pour rendre possible des calculs inconcevables avec les ordinateurs classiques.

Pour le physicien, le défi se situe à plusieurs niveaux. Il faut imaginer différentes façons de réaliser des ensembles de systèmes à deux niveaux (les qubits) d'une façon qui satisfait plusieurs critères parfois contradictoires. Entre autres, a) On doit pouvoir appliquer des perturbations externes qui changent à volonté l'état quantique de chaque qubit. b) On doit pouvoir coupler les qubits ensemble à volonté. c) Les opérations précédentes doivent pouvoir se faire sans introduire de dissipation qui détruirait l'état quantique. d) On doit pouvoir placer les qubits dans un état initial connu. e) On doit pouvoir mesurer l'état de chaque qubit de la façon la plus efficace possible.

Plusieurs architectures ont été proposées pour réaliser les qubits à la base de l'ordinateur quantique. Quelques-unes d'entre elles sont basées sur l'effet Josephson dans les supraconducteurs à haute température, mettant à profit la symétrie de type d du paramètre d'ordre. De tels qubits à l'état solide permettent la conception d'architectures où le nombre de qubits peut facilement être augmenté systématiquement.

b) Objectifs :

Proposer des méthodes de contrôle, de couplage et de mesure de qubits à base de jonctions Josephson. 

c) Méthodologie :

Les méthodes de mécanique quantique élémentaire et de systèmes mésoscopiques suffisent généralement pour les premières étapes de calcul. Les méthodes du problème à N-corps, les développements Ginzbourg-Landau, les méthodes d'intégrales fonctionnelles (Caldeira-Leggett) et celles de Chimie quantique deviennent nécessaires pour des analyses plus fines des problèmes de décohérence.

d) Réalisations :

Je co-dirige avec S. Lacelle les travaux de A. Blais qui ont porté cette année sur : (a) Un qubit supraconducteur multit-erminal (b) Une architecture pour simplifier le design et diminuer la décohérence dans les qubits de phase. (c) L'utilisation de phases géométriques (Berry et Aharonov-Anandan) pour le calcul quantique et la tolérance au bruit de qubits basés sur la phase géométrique.

e) Collaborateurs :

Alexandre Blais (étudiant, 3ème cycle, début janvier 2000)
Serge Lacelle (professeur, département de chimie)
Alexandre Zagoskin (Professeur associé, U.B.C. et Président recherche, d-wave systems)

f) Summary:

I have co-supervised with S. Lacelle the M.Sc. work of A. Blais on quantum computing. The work of A. Blais this year has covered the following topics : (a) A multi-terminal superconducting qubit (b) A system to reduce decoherence in superconducting phase qubits (c) A study on the use of geometric phases (Berry and Aharonov-Anandan) in quantum computation and in particular their tolerance to noise.
 


Auteur et concepteur : André-Marie Tremblay